La corrida du dimanche

Publié le par El Boby

Retour à la maison pour dix jours…. Le mois de juillet est avare en toros dans le sud-est. Après un coup d’œil sur les cartels, une direction s’impose : Barcelone. Au paseo de ce dimanche 13 juillet : El Cid, Sebastien Castella et Miguel Angel Perrera. Un bétail mixte de Valdefresno & Fraile de Mazas. Une affiche de luxe qui mérite bien les 4h00 de route entre Uzès et la capitale Catalane. Très facile d’accès, la Monumental est originale presque orientale mais un petit rafraîchissement s'impose. Les aficionados ne sont pas les biens venus et des croix gammées sont tagguées sur les guichets de la Taquilla. Amalgam(mé)e.. Pour 55 euro la place, c’est au soleil en barrera que j’assisterai à la course (elle sera à l'ombre dès le paseo) en attendant, c’est l’heure de faire un tour en ville et de se rassasier.

Escale rue Escudellers tout proche des célèbres Ramblas. Los Caracoles, un petit bar typique aux jambons suspendus avec des airs de cervezas et de tapas mais les apparences sont trompeuses…. En s’enfonçant dans le café, on découvre une demi-douzaine d’hommes travaillant aux fourneaux… Dans une appétissante cacophonie, la cuisine devient le passage obligée pour rejoindre la partie restaurant du lieu. C’est une sorte de Fort-Boyard gastronome avec une succession de pièces que nous fait découvrir l’un des très sérieux serveurs devenu l’espace d’un instant le Passe-partout local. Sur les murs des centaines de photos témoignent du passage de célébrités aux Escargots… La cuisine est simple, légère et délicate. Seul petit bémol l’addition qui sans être hors de prix est un peu excessive.

Retour aux toros. Devant les arènes, quelques manifestants anti-taurins accueillent les aficionados dans un esprit presque bon-enfant. Les groupes de touristes affluent. Ambiance « suivez le guide au parapluie » anglais, russes, japonais… s’apprêtent à découvrir l’univers du « Bullfight ». Dans l’arène, les sièges en plastique gris sont vides. A l’heure du paseo seul un petit quart d’arènes applaudi l’entrée des artistes. Triste. A qui la faute ? Pampelune, la fête nationale, ou la feria de Céret ? Le manque d’ambiance déçoit… ça sent la corrida de plage. En piste, les toros ont oublié de revêtir leurs cornes, dans l’ensemble très courtes, peu ouvertes et le pointu pas si pointu (mais je ne suis pas un expert en afaïtado). Les maestros sont pros, malgré le peu de spectateurs et des bestioles difficiles, ils jouent le jeu. Merci. El Cid hérite du plus mauvais lot doit se jouer la peau. Son premier lui inflige belle rouste, orgueilleux le Cid tentera de le dominer en vain. Son deuxième est encore plus coriace mais il a le souci de bien faire… il torée des deux mains. Sa faena à l’énergie, au courage est très intéressante. Même en difficulté il a la classe. Nouvel accrochage sans gravité. Le Cid rigole, défit la bête, lui parle, engueule sa cuadrilla. Il est dedans. La mise à mort le prive encore une fois de trophée.

Comme le Cid, Castella souffre aux aciers… Il aurait pu couper l’oreille de son premier après une faena sortie tout droit de son répertoire. Assis sur la marche du burladero, Sebastien muleta en main attend le toro pour entamer sa deuxième faena… ce dernier qui poursuit un peone s’assomme contre la barrière. Castella se lève et torée dos aux planches. Après une passe de pecho le toro retape la tête contre le bois et s’assomme à nouveau. Il n’y aura plus rien à tirer de lui. Sans conviction… et déçu, Castella le tue, laborieusement.

L’homme du jour (ou de l’année) s’appelle Perrera, une et deux oreilles. Tout y passe, rien ne lui résiste. Il est le seul actuellement a pouvoir résister à José Tomas… et ce n’est pas anodin si Perrera s’est surpassé dans le jardin préféré du torero de Galapagar. Un air du 15 juin plane sur son premier toro. Sèchement attrapé après trois coups de tête, il se relève sonné, un trou dans la jambe et repousse tout le monde… il lutte, il boite… en réalité, seul son costume est troué. Perrera trouve la volonté pour arracher trois excellentes séries à son adversaire. Avant une estocade foudroyante, il exécute sans bouger… quatre manoletines. Son second manque de jus mais permet tout de même à Miguel-Angel de sortir le grand jeu. Il commence immobile par une série de statuaires puis il compose sa faena par des naturelles profondes sans jamais se faire accrocher le leurre. Nouvelle estocade foudroyante et nouvelle Puerta grande.

Avant la sortie à hombros de Perrera, El Cid quitte la piste sous les applaudissements alors qu’un groupe de spectateurs s’en prend à Castella en criant « Torera ! Torera ! » accompagné de doigts d’honneurs. Une belle façon de remercier un matador venu faire le travail malgré une récente cornada (20 cm reçu quatre jours plutôt à Pampelune). Castella ne montrera rien de cet handicap. A la sortie des arènes les « antis » sont toujours là et je dois bien l’avouer ils ont l’air plus sympathiques que les gros cons d’ultras. La Monumental de Barcelone a du souci à se faire….

Publié dans LES PENSEES D'EL BOBY

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